# Api51 Lownum
## J1
### Ingénierie logicielle et soutenabilité (Benjamin Lussier)
https://www.utc.fr/~crozatst/api50/j1-lussier/
- Principaux postes d'impacts (conséquences) : Terres rares (23%), utilisation des matières fossiles (17%), changement climatique (16%)
- Principaux axes d'impact (causes) :
- Principaux impacts
- Énergie : Fabrication 41% (Terminaux 37%) ; Usage 59% (Terminaux 27%, Réseau 19%, Datacenter 13%)
- GES : Fabrication 83% (Terminaux 76%)
- Matières : Fabrication 100% (Fabrication 86%)
- Eau : Fabrication 88% (Fabrication 79%)
- Terminaux sont le problème le plus important ; datacenter sont le problème le moins important
**Empreinte environnementale du numérique implique de se concentrer sur l'usage des ordinateurs et la limitation du renouvellement du matériel**
Durée de vie des ordis :
- 1980 ~10 ans
- 2005 ~3 ans
- 2021 ~7 ans (grâce au marché du reconditionnement)
Cause de l'obscelence :
- **Exigence logicielle**
- Évolution des standards (exemple des prises VGA)
**Le problème c'est le matériel, mais ce qui fait que le matériel est renouvellé c'est essentiellement à cause du logiciel**
- Ex : x70 RAM entre Win7+Office2010 versus Win98+Office97
- Ex : logiciel préinstallés ou en évaluation gratuite
Question en suspens :
- Que représente le "numérique" caché dans tous les autres objets : véhicule, électro-ménager... ?
Les 7 péchés du greenwashing :
- compromis caché : prétention ne considérant qu'un nombre restreint d'attributs et en occultant le reste.
- absence de preuve : prétention non étayée par une information facile à trouver et digne de confiance.
- imprécision : prétention vague ou floue.
- non pertinence : prétention exacte mais inutile ou insignifiante.
- moindre mal : prétention exacte, mais sur une catégorie de produits globalement nocifs.
- faux ecolabel : utilisation de labels internes à l'entreprise peu contraignants et non délivrés par un organisme tiers.
- mensonge : prétention fausse.
**Les objectifs de soutenabilité sont souvent en contradiction avec les objectifs économiques des entreprises** : c'est une posture délicate pour les ingénieur
**Code d'éthique** : peut être un livrable de votre projet
### Un ingénieur low-tech est-il possible ? (Hugues Choplin)
https://www.utc.fr/~crozatst/api50/j1-choplin/api50-h2022-choplin.pdf
Un dissensus : deux visions du monde qui ont leur légitimité :
- le low-tech serait une menace pour le T de l'UTC
- au contraire la low-technicisation est une façon de renouveller le T de l'UTC
Pour le moment : le dissensus n'est pas très fécond...
Penser l'écologie, c'est critiquer la technique :
1. Critiquer la technique en tant que moyen de dominer la nature (pouvoir excessif de l'homme sur la technique)
- Anthropocentrisme
- Effet rebond
- ...
2. Critiquer la technique en tant que moyen de dominer l'homme (pouvoir excessif de la technique sur l'homme)
- L'homme est enchaîné à la technique
- Des techniques qui s'enchaînent les unes dans les autres
Les penseurs de la low-tech propose que l'homme reprenne main sur la technique.
Def : Green tech : High-tech qui s'intéressent aux pbs environnementaux.
Ex : Géo-ingénierie
- illustre la pulsion de domination (anthropocentrisme)
- fait système avec les autres techniques (autonomie de la technique)
Contradiction :
1. Invite à diminuer le pouvoir de l'homme sur la nature
2. Invite à augmenter le pouvoir de l'homme sur la technique
- NB : Cette seconde critique n'est pas spécialement écologique (cf Illich) mais elle prend du poid dans les années 1960-70 au moment où le problème écologique devient "encore plus" critique
3 critères de la low-technicisation :
- Durable
- Utile
- Accessible
Exemple des voitures : high-tech écologique versus low-tech
Soulignement : la question de l'utilité / des besoins est vraiment **problématique**
NB : Les low-tech ne sont pas utiles/accessible/durables en soi, c'est en contexte.
**3 gestes "pour les projets" (en opérer au moins 2 sur les 3)** :
- optimiser/inventer
- innover/ouvrir les possibles
- permettre l'appropriation individuelle/collective
Exemples :
- Cf Bihouix : Geste 1 : optimisation → Gestion 2 : changement de mode de vie (on arrête de subordonner la nature, on accepte de changer de mode de vie)
- appropriation du logiciel par le logiciel libre.
Hypothèse de Hugues : low-techniciser c'est combiner au moins 2 des 3 gestes (peut-être les 3).
La logique de l'ACV s'inscrit dans la continuité de la pratique d'ingénierie : le bricolage de l'hétérogène.
Hypothèse : intégration de la complexité du vivant (et coupure avec la mathématisation)
Steph : complexité du numérique
L'ingénieur qui s'occupe des modes de vie (donc la politique) c'est autre chose que s'occuper seulement des besoins.
Questions finales non traitées :
- Exemple si on bride les voitures à 90km, on peut espérer que ça retourne à 100km
- Paradigme de Kuhn : se limite à se qui se passe dans la science, citoyen low-tech, politique low-tech
### The Big Conf (Valérie Moreau, Yacine Baouch, Sarah Nguyen)
Le rapport à l'énergie est biaisé par la facilité avec laquelle on y a accès.
Une nouvelle source d'énergie n'a jamais remplacé une source antérieure, elles s'ajoutent chaque fois.
On peut faire un parallèle entra la dépendance à la drogue et la dépendance aux énergies fossiles.
En 1900 on obtient 100 barils à partir de 1 baril ; aujourd'hui on obtient 3 barils à partir de 1 baril (dans le pire des cas).
Les sociétés "du Sud", seront plus touchées par les évolutions climatiques ; ces sociétés ont peut-être à nous apprendre en terme de mode de vie.
La pénurie de ressource ne va pas nous "sauver", il faut nous auto-réguler.
On est environ à 10t eq. carbone aujourd'hui en France, il faudraît être à 2.
Il faut réduire notre conso d'énergie de 60% environ (si on se passe du nucléaire, a minima de 20% dans tous les cas).
**Un choix ce n'est pas scientifique, un choix c'est politique**.
NB : on est obligé de faire des choix car on ne peut pas investir (les moyens, l'imaginaire, etc.) dans toutes les directions.
Proposition (consensus qui émerge ?) :
- penser la sobriété, logique de la sobriété (pour se préserver des effets rebonds)
- Efficacité (optimisation
- Décarbonation
On se rend compte que pour tenir les 2t. les sacrifices ne sont pas insupportables.
Les gestes individuels représentent entre 25% et 45% des efforts à faire.
Les individus sont aussi des leviers sur l'état et sur les entreprises.
En face des problèmes qui s'annoncent il y a des opportunités de relever des défis pour les ingénieurs, en cherchant à éviter les effets rebonds (ou les green washing).
La théorie du Donut peut-être un moyen de chercher à évaluer / bricoler / négocier l'espace "service minimum / service maximum". Mais ces notions de minimum et maximum reste des notions à négocier, donc qui relève de la politique.
Il n'y a pas forcément de corrélation entre la consommation d'énergie/ressources/... et ce que l'on obtient en *output* (niveau de satisfaction des besoins...)
## J2
### Abstraction industrielle par Guillaume Carnino
Quand il y a industrie il y a une dynamique d'abstraction.
Il y a industrie quand un changement d'échelle à propos d'un phénomène technique entraîne un changement de nature. Effet de seuil. Notion de "dimension humaine" [stph : donc industrie → dimension inhumaine].
Exemple : la gestion des étudiants à l'UTC en TC versus en HuTech.
Artisanat versus industrie.
La savoir-faire des artisans ne peut pas être facilement massifié : on ne peut pas dire à un artisan "fais pareil mais 1000 fois plus". Changement de nature du savoir-faire.
- Exigence de reproductibilité (apanage de l'activité scientifique, homothétique avec l'industrie) ; « l'industrie a besoin de stabilité » (Pasteur) ; il faut des formes abstraites, reproductibles, que l'on peut massifier ; **réussir à coup sûr une production à une échelle économique rentable** [stph : lien entre industrie et capitalisme]
[stph : qu'est-ce que ça veut dire en informatique comptemporaine ?]
- Formaliser le savoir-faire humain par la formalisation scientifique "casse les bras".
- Abstraction a des conséquences sur les relations humaines
- Importance de la **mesure** : la commensurabilité rend possible l'établissement d'un marché national. [stph : cf ACV].
- La mesure se substitue aux relations humaines interpersonnelles ; l'argent (monnaie abstraite) devient le moyen d'échanger à la place des relations interpersonnelles.
- Cela permet de mettre en rapport dans des espaces élargis (abstraction géographique et temporelle).
Commensurabilité :
- pré-requis quantitatif : moyen de quantifier
- pré-requis technique : transmettre et faire circuler ces quantification [stph : "pharmakhon" c'est aussi ce mécanisme qui permet la mise en évidence des questions écologiques : l'industrialisation produit les outils qui permettent sa critique]
Exemples:
- éclairage au gaz permet d'abstraire (et modifier le rapport à) la temporalité (notion de cadence)
- machine à vappeur permet l'abstration spatiale (et temporelle) (versus les moulins hydrauliques, on s'échappe des cadres spatiaux et saisonniers)
Exemple : Lettre Londres←→Indes en 1830 : 2ans ; en 1850 : 2-3 mois ; Télégramme : 5h ; 1924 : 18s
Les moyens de communcation transforme la relation au commerce, à la production.
[stph : low-technicisation du numérique peut-être aussi réfléchir aux conséquences de ce que l'abstraction des moyens numériques permet]
Au XXe : (la mondialisation c'est Internet et les porte-containers, dixit Pascal Lamy)
- communication : numérique
- transport des marchandises : containers
Critique de la valeur (A Jappe, Les aventures de la marchandise)
- valeur liée aux mécanisme d'abstration
- valeur : abstraction générale de la valeur d'échange (possibilité de l'échange) et négation de la valeur d'usage [stph : point important pour l'analyse de l'utilité et des besoins]
- argent est la forme aboutie de la valeur
- Marx : valeur est basée sur le temps de travail **moyen** (le terme moyen est ici fondamental dans la définition)
- Valeur permet d'avoir un avis générique sur n'importe quel bien (abstraction du bien), cela crée de l'**aliénation**
- Les relations humaines deviennent quantifiée, médiatisées par la forme-valeur : la valeur devient le mode dominant de relation au monde
- Produit la logique de l'accumulation
Exemple du jus d'abricot pressés à la main [stph : je vous invite à trouver des exemples de jus d'abricot pressé la main dans le monde numérique]
M Weber : personne ne veut pas nature accumuler plus d'argent, au contraire ils cherchent à répondre à leurs besoins [stph : rapport au besoin à souligner] : il faut une éducation pour instaurer l'abstraction par la valeur.
Historiquement : arrivent en même temps, l'abstraction géographique et temporelle de l'industrie et l'abstraction de la valeur, donc on ne peut pas séparer l'histoire de l'industrie et l'histoire du capitalisme [stph : critique du capitalisme ne suffit pas (abstraction de la valeur), il faut une critique de l'industrie (abstraction géographique et temporelle)]
### Machine et empreinte fantôme par Guillaume Carnino
Il y a industrialisation (abstraction de l'organisation du travail) avant l'arrivée des machines.
Le dispositif matériel stabilise cette abstraction.
1. la machine engendre et s'appuie sur la dépossession de savoir-faire qui disjoint la technique du corps humain
2. plus l'empreinte d'une machine augmente plus son effet potentiellement délètere sur le travail humain augmente
#### La machine engendre et s'appuie sur la dépossession de savoir-faire qui disjoint la technique du corps humain
Mécaniser c'est changer la nature même de ce qui est fait [stph : quand on pense "fonction" d'une application on ne pense pas, on pense mal, aux effets que la mécanisation va engendrer]
Exemple de l'acr long anglais versus armes à feu, les armes à feu permettent de faire combattre des personnes sans formation [stph : **important** compétition entre savoir-faire et machines, "moi un ordinateur j'ai pas besoin de savoir comment ça marche, je veux juste qu'il fasse ce que je veux"]
Avantage des machines : déqualification des ouvriers.
La machine est facteur de dépossession.
La machine peut remplacer l'humain dans tes tâches spécifiques, mais pas *en général*. Tout dispositif mécanique nécessite des humains ; il y a des aspects individuant (ambivalence).
- La technique : le geste produit l'outil et l'outil produit le geste (boucle de rétroaction de la technique) [stph : cf thèse TAC].
- La mécanisation casse cette boucle de rétroaction, coévolution
- Les machines sont des "éléments d'étrangeté inorganique"
- Mécanisaniser c'est reconfigurer le monde (pour supprimer les variations), l'être humain est aussi reconfiguré
- Exemple des machines à vapeur qui "écartent" une partie des individus [à noter aussi dans le cadre informatique : quels usagères et usagers écartent-on par l'introduction des outils ?]
- Désormais on subit la machine plutôt que d'agir l'outil
Empreinte fantôme : nécessité des liens qu'une machine tisse avec le reste du monde.
- Surface socio-environnemental qu'une machine impacte
- Avec quelle facilité peut-elle être appropriée (spécialisation)
- Diversité des "chemins" disponibles (si il y a plusieurs chemins, que ces chemins courts alors l'empreinte fantome sera faible)
Faible empreinte fantome : technique à échelle humaine
Forte empreinte fantome : système technique complexe, ramifié...
Certaines machines sont plébiscitées, d'autres détruites.
Réésistance à la mécanisation (XIXe) : les machines visées par les ouvriers sont les "grosses machines" ; ils conservent les petites machines qu'ils sont susceptibles d'être **domestiquées** [stph : industrie (forte empreinte fantôme) versus low-tech (faible empreinte fantôme, opposés aux machines avec une forte empreinte fantôme) versus technophobie (rejet des machines par principe)]
- Empreinte fantôme faible : L'usage d'un couteau ne détermine pas du tout une organisation sociale nécessaire à la production (multiplicité des chemins disponibles)
- Empreinte fantôme forte : À l'opposé faire fonctionner une centrale nuclaire *implique* des configurations sociales qui touchent au monde entier, à de multiples métiers...
Exemples :
- Exemple de "Willy" : il peut tout réparer (la technique est encore à échelle humaine) jusqu'à l'électronique (impuissance devant la machine).
- Exemple de la casse d'Abidjan : "adapter" c'est supprimer l'electronique (pas acessible à l'artisan, c'est nécessairement de l'industrie, même si on a les "compétences" on doit avoir accès au réseau d'approvisionnement des composants, on ne peut pas tout recréer) ; la reconfiguration par la machine interdit des chemins, ancre des trajectoires technologiques
- Exemple de la boulangerie et de l'industrialisation du blé : reconfigure le goût, la nature même du pain
Empreinte fantôme :
[stph : tu peux nous redonner ces critères]
- place aux savoir-faire individuants
- redéfinition des matières travaillées par la machine
- machines compatibles avec des rythmes culturellement choisie
- surface socio-environnementale reconfigurée
- réduction de la complexité
Le low-tech est ce qui a une faible empreinte fantôme.
[stph : la low-technicisation est un process qui réduit l'empreinte fantôme]
Est-il possible que l'ingé soit un acteur de la diminution de l'empreinte fantôme ?
### Questions
- Lien entre capitalisme et industrie ; question des objets qui n'ont pas de valeur ; des marques qui ont de la valeur qui n'est pas du temps ; peut-on échapper aux "lois du marché" à des "lois industrielles"
- Guillaume : il y a des contres-exemples, il y a du luxe parce que c'est cher (la réponse de Marx est une des réponses) ; la publicité c'est aussi du temps de travail ; la consommation c'est aussi du temps de travail [stph : lien avec les "habitudes", est-ce aussi du temps engrammé, donc de la valeur ?]
- Comment s'émanciper de la logique de la valeur ? [stph : question de la taille des organisation pour résister ; exemple des petites coopératives versus les grandes coopératives]
- On crée des sentiers à force de suivre les mêmes chemins techniques
- Par rapport à la masse actuelle de la "demande" : recréer localement ne nécessite-t-il pas de conserver des machines "globales" ; y a-t-il une gradation ?
- Guillaume : certaines formes de mutualisation ou certains niveaux techniques nécessitent des échelles élevées ; il n'y a pas de bonne échelle a priori : **c'est la trop grande taille par rapport à un contexte / une échelle qui est problématique** [stph : ce qui compte c'est de se poser la question ; en informatique on adopte souvent une trop grande taille]
- Guillaume : il y a plein de cas où on ne sait pas gérer (principe des macro-systèmes techniques) ; les relations socio-économiques sont aliénées dans la complexité ; le marché et l'aliénation des relations humaines dans la valeur est un moyen de faire des choses dans cet environnement non maîtrisable, c'est une solution à la complexité ; donc pour récupérer de l'emprise, il faut faire des choses moins complexes, il faut réduire la complexité. [stph : le numérique augmente souvent la complexité ; la valeur est aussi la cause ?]
- Question de l'empreinte fantôme ; atomoicité versus systèmes agencés
- Guillaume : exemple entre la machine à écrire et le traitement de texte
**Il ne faut pas seulement penser les machines par les fonctions, mais également par leur empreinte**
- concept agonistique (qui sert "à casser la gueule à d'autres visions") ou stratégique
- le low-tech sert à questionner le high-tech
- Surface socio-environnementale : quantité de personnes "touchées", intensité ; du coup le low-tech en tant que façon de changer de vie a une surface socio-environnementale importante.
- Exemple des socs de charrue en bois versus en métal ; le refus des paysans savoyards n'est pas lié à de la résistance technique, mais à la capacité d'aller le réparer (nécessite un haut-fourneau, de se connecter à la vallée, de se raccorder à un réseau)
- Empreinte fantôme inclut aussi l'aval : ce que ça produit à t+1 t+2 : donc ce qui permet de penser l'ensemble ; c'est en quoi c'est un outil stratégique (pour l'aval, cf exaptation : quand que techno fait au delà de ce qui était prévu)